ETAT DES LIEUX

Contexte de l’émergence du projet / problématique(s) constatées :

Faire émerger les emplois et les compétences du littoral de demain, au climat changé, et au trait de côte redéfini

Aux premières loges des impacts du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, les territoires côtiers vont faire face à d’importantes transformations au 21e siècle.

Dans ces mutations d’ampleur, de nouvelles compétences vont être mobilisées, et de nouveaux emplois vont être créés par la nécessaire adaptation des sociétés côtières à cette nouvelle donne.

Plutôt que de tourner le dos à la mer et de construire des murs toujours plus hauts sur le trait de côte, la redéfinition à venir de l’interface terre-mer peut aussi se vivre comme une invitation à tourner le regard vers la mer pour repenser le développement de la frange littorale, en s’appuyant sur les filières existantes ou en composant de nouvelles activités économiques : s’alimenter avec la mer et par voie de mer, respecter la ressource à terre pour préserver la ressource sur la côte, se déplacer par la mer, habiter en s’adaptant à la mer qui monte, renaturer pour recréer des interfaces terre-mer protectrices face aux éléments, et productrices de communs (biodiversité, élevage en pré salé et aquaculture).

Bien préparée, cette nouvelle donne physique ouvre des perspectives d’activités nouvelles, non délocalisables, créatrices d’emploi et de valeur locale, de qualité de vie meilleure et de services renouvelés au territoire breton. Bien anticipée, elle pourrait également permettre de redonner du sens et de l’envie dans l’engagement de parcours professionnels et d’apporter un élément de réponse à une forme d’éco-anxiété paralysante par le développement de solutions positives.

Un écosystème territorial pionnier et fortement mobilisé

Sur le territoire de la Rade de Lorient, un écosystème d’innovation sur l’adaptation climat du littoral s’est progressivement structuré ces dernières années, par l’agrégation de plusieurs acteurs : 

  • Lorient Agglomération, un EPCI pionnier, expérimentant les doctrines nouvelles d’intervention des collectivités en matière de gestion du trait de côte (lauréat en 2022 du Trophée national de l’adaptation climat pour les aménagements côtiers fondés sur la nature réalisés à Gâvres), 
  • La mise en place de l’Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais adossé à l’Université Bretagne Sud, et constituant le premier observatoire du trait de côte de France mobilisant la science participative et les habitants pour le suivi de l’évolution de leur littoral, 
  • L’émergence du tiers-lieu Maison Glaz comme creuset d’expérimentation et d’innovation sociale au service de l’adaptation climat de la presqu’île de Gâvres, dont la maritimisation prévisible dans les prochaines décennies constitue un laboratoire à ciel ouvert des mutations territoriales à venir, 
  • la maturation d’un réseau dense de partenaires publics, privés, associatifs animé par la facilitation territoriale de l’Agence Locale Energie Climat (ALOEN). 

C’est dans ce contexte qu’en 2023, avec l’appui de la Région Bretagne via l’appel à projets DEFFINOV, est lancée Nouveaux Rivages, l’école de la Résilience du Littoral, par le truchement d’un partenariat entre Maison Glaz, l’Université Bretagne Sud, ALOEN (Agence locale énergie climat Bretagne Sud) et l’organisme de formation Inspir4Transitions, dans l’idée de faire émerger les compétences nécessaires à l’adaptation des espaces littoraux du territoire à l’évolution du trait de côte.

Identification de cinq filières prioritaires spécifiques au littoral

Un travail prospectif sur les emplois et compétences du littoral de demain sur la rade de Lorient a été mené pendant les 5 premiers mois du projet (ALOEN en chef de file), ce qui a permis d’identifier et de mobiliser une quarantaine d’experts et de professionnels autour des filières-clé pour la résilience du territoire. Ce travail a débouché sur 14 fiches-actions identifiant les besoins prioritaires en compétences à faire émerger sur le territoire :

  • Alimentation entre terre et mer : production (maraichage et élevage littoral, algoculture, pêche et conchyliculture), transformation (agro-alimentaire, dont conserverie) ;
  • Mobilité et logistique littorale : vélo et cyclo-logistique, voile de travail ;
  • Adaptation du bâti littoral et du bâti submersible : fondations et systèmes constructifs, réseaux électriques, réseaux d’eau ;
  • Economie circulaire dans les matériaux & démantèlement du bâti submersible : diagnostics de ressources et pollutions, métier de technicien-valoriste, dépose & manutention de matériaux ;
  • Gestion de l’interface terre-mer : renaturation des espaces littoraux et gestion des espaces tampon, gestion intégrée des eaux pluviales et usées, gestion du paysage submersible.

 

A regarder les secteurs et métiers concernés, il s’agit moins de nouveaux métiers que de métiers existants dont les pratiques et les enjeux vont considérablement évoluer dans les années à venir, en lien avec les évolutions climatiques et les recompositions spatiales afférentes à la montée du niveau de la mer combinée à l’accélération du recul du trait de côte. L’enjeu est donc, dans ces secteurs prioritaires spécifiques à la donne littorale, de travailler sur le fondement de compétences transférables, et de favoriser l’intégration de pratiques et compétences professionnelles nouvelles via la formation des nouveaux entrants.